Aujourd'hui, je continue mes chroniques avec Nuage de cendre, roman faisant partie de la sélection 2013 du Prix Cezam. Je n'avais pas eu encore l'occasion de lire Dominic Cooper dont j'avais cependant entendu parlé avec chaleur pour son roman Le coeur en hiver ayant d'ailleurs reçu le Somerset Maugham Award.
Le titre complet de ce nouveau roman est Nuage de Cendre :un roman sur l'affaire de Sunnefa Jonsdottir. Il est traduit de l'écossais et parut en mars 2012 aux éditions Métailié. Certains avaient peut-être lu le
roman Rosa Candida D' Audur Ava Olafsdottir qui se déroulait également en Islande. Même s'il s'agit du même pays, ces deux romans sont à des milliers d'années lumières d'un de l'autre.
A propos de Nuage de cendre:
L'histoire se déroule en Islande au
18ème siècle. Elle s'inspire d'une histoire véridique bien connue
en Islande comme le précise la préface, il s'agit de l'affaire
Sunnefa. A partir de ce matériau de base, l'auteur tisse une
intrigue complexe faisant intervenir de multiples personnages ayant
chacun un point de vue sur l'affaire.
Les chapitres étant menés de
façon antichronologiques ,avec de nombreuses ruptures
temporelles qui donnent un peu le sentiment d'être dans un puzzle
littéraire.De celui-ci, chaque élément si modeste soit -il est cependant
nécessaire pour construire l’ensemble. D’où la difficulté de
résumer un pareil roman. On peut juste donner quelques pistes
disant qu'il s'agit d'une histoire féroce de vengeance entre deux
personnages qui se détestent à mort et qui instrumentalisent Sunnefa.
Sunnefa était une jeune fille de 18 ans à la beauté légendaire
qui s'était rendue coupable d'inceste et avait eu un enfant de son
jeune frère Jon.
Le couple encourait alors la peine de morte.Si le
jugement est confirmé, elle serait enfermée dans un sac et jetée
dans la fosse aux noyades, lui serait décapité sur un billot. Dans l' attente de leur jugement, ils sont hébergés dans deux
familles distinctes, celles de deux shérifs Petru Thorsteinsson et
Hans Wium , sortes de
métayers locaux et en outre rouages de la justice danoise puisque
l'Islande en était alors la colonie.
Or ces deux shérifs se
vouent une haine tenace héritée de leurs pères respectifs déjà
eux même shérifs. Jens Wium
d'origine danoise était
venu s'installer dans la maison d'un shérif précédent avec
sa femme et son petit garçon. Caractère autoritaire et brutal, il
traite son voisin le shérif autochtone Thorsteinn Sigurdsson avec
mépris, détourne les impôts et les revenus du district qui
normalement devraient être équitablement partagés entre les deux
shérifs. Cette animosité se complique à la suite de deux
disparitions, celle de Solrun la cousine de Pétru qui se volatilise
alors qu'elle allait devenir sa femme et Jens
Wium que l'on suppose mort bien qu'on ne retrouve jamais son corps.
Deux hommes sont retrouvés morts à bord d'un bateau que son père
aurait également pris. Hans le fils Wium va reprendre le poste du
père qui lui laisse une lettre où il accuse son ennemi et shérif
voisin Thorsteinn Sigurdsson de vouloir le tuer. Hans qui se
souvient d'une jeunesse auprès d'un père brutal qui buvait et
maltraitait son entourage va tout d'abord refuser de se lancer dans
cette vendetta insensée malgré sa mère qui le harcèle depuis son
retour pour qu'il démontre la culpabilité de Thorrstein. Cependant
ici point de pardon ni de répit et la haine fera son œuvre
inexorablement.
L’âpreté des personnages est d'ailleurs à l'image des conditions de vie qui leurs sont offertes. La terre
tremble, les volcans lancent des nuages de cendres et de gaz acides
qui brûlent la peau suffoquent tout le monde et provoquent des
inondations. Des coulées de laves menacent, la glace bloque le pays
de telle sorte que sont peu les ports abordables.Différentes épidémies
ravagent le pays notamment une épidémie de variole qui décime
d'ailleurs 1/3 de la population, affaiblie par la rigueur du climat
qui rend la terre la plupart du temps improductive générant de
fréquentes famines.
Un roman à la beauté noire, proche et peut-être
inspiré de l'esprit des sagas Islandaises où danoises, récits
moyenâgeux et guerriers traditionnels où règne une sorte
d’esthétique de la désolation.
Pour ceux que cette présentation donnerait envie de tenter l'aventure, je dirais bienvenus en enfer! Il faut parfois s'accrocher car l'auteur brouille les pistes et vous laisse dans un nuage de cendre...
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