samedi 23 février 2013

Serge Joncour, L'amour sans le faire


J'ai grand plaisir à vous parler aujourd'hui du nouveau roman de Serge Joncour, L'amour sans le faire publié aux éditions Flammarion en août 2012.
Au cours d'une série de chapitres alternés, une première partie du roman retrace en parallèle le passé de Franck 40 ans et Louise, deux presque inconnus « qui vont pourtant se reconnaître ». Leurs chemins convergent vers la même destination : une ferme dans la région de Cavagnac dans le lot.


Au coeur de cet été  caniculaire, nous assistons à leur rencontre autour du personnage central : Alexandre.
Pour Franck, ce sont des retrouvailles qui adviennent dix ans après la mort mystérieuse de son frère Alexandre au cours d'une partie de chasse et après la brouille consécutive avec ses parents. Il n'a  aucune nouvelle depuis lors.
Pourquoi ce retour vers la ferme de son enfance? A cause de difficultés professionnelles ? Peut-être à cause de sa propre santé qui aujourd’hui chancelle, peut-être à cause de cette voix d'enfant inconnue qui l'accueille lorsqu'il téléphone à la ferme pour les prévenir qu'il va descendre. Supposant un effet secondaire consécutif à la prise de ses médicaments ou à une erreur de numéro, il croit reconnaître la voix de son frère décédé. Son étonnement fait place à la stupeur lorsque l'enfant répond au prénom d'Alexandre.
Louise quant à elle porte le chagrin de son amour perdu. Elle est mère célibataire  vit et travaille en ville à Clermont-Ferrand elle revient à la ferme de ses beaux parents qu'elle à quitté après la mort d' Alexandre son mari adoré.


Elle va y retrouver  son  fils de cinq ans Alexandre. Pour elle cette ferme était un paradis perdu auprès de beaux parents aimants, pour Franck c'est ce milieu qu'il a renié à l'adolescence pour se fabriquer un destin différent de celui pour lequel il était programmé .
C'est l'histoire d'un regain. D'entre les blessures du passé un espoir semble se dessiner. Une fragile intimité va peu à peu éclore dans la vibration solaire de cette nature écrasée de chaleur.  Autour de l'enfant Alexandre tout devient de nouveau possible: le sourire, la douceur, la vie, la tendresse, l'amour. Une réflexion très subtile sur l'identité, la création et la transmission. Franck travaille dans le cinéma. Il porte souvent sa caméra à l'épaule. A son arrivée à la ferme, Franck l'utilise tel  un accessoire pour se mettre à distance d'un possible danger. Peu à peu , elle  change d'épaule et de statut, symbolisant bientôt le lien entre passé et avenir à travers le projet final de Franck.


 Une belle histoire à hauteur d'êtres humains qui, j'en suis absolument persuadée , parlera à tous. Il n'est pas si fréquent de lire un récit si clair, paisible et  juste dans la description des états d’âmes, des tourments et des liens qui se tissent entre les êtres.
Voici une bonne illustration de la phrase de Stendhal  dans Le Rouge et le noir: " un roman c'est un miroir que l'on promène le long d'un chemin".

L'effet de réel est tel que j'ai eu le sentiment de voir les personnages apparaître prés de moi dans la langueur de cet été.
 Pas de grand destin ni d'arrogance. Louise est peut-être lâche, Franck parfois un peu mesquin mais ils  nous ressemblent. Peut être qu'un jour l'amour transcendera-t-il leur histoire? Sans grande déclaration, sans le dire et donc sans le faire , cette histoire ne parle d'ailleurs  que d'amours de toutes sortes.


Un superbe livre de cet auteur que j'avais découvert il y a longtemps avec son roman UV. Même si celui-ci est en rupture de ton avec les précédents qui maniaient avec bonheur l'humour grinçant, on y retrouve cependant toujours le talent de Serge Joncour. Un livre à ne pas rater et à mettre entre toutes les mains! Chose très rare, ce roman me donne envie de le relire car on a pas envie de sortir de cette lumineuse  histoire.


 Extrait :
« A table ils étaient quatre. Franck n'en revenait pas de se retrouver dans cette disposition, de manger dans cette cuisine, de retrouver ces odeurs de ciboulette et d’œufs cuits, la graisse de canard, le bruit des assiettes et le toucher des couverts en argent patiné. Distraitement il renoue avec son ancienne manie de rouler une mie de pain sur la toile cirée pour en faire une bille. Et toujours cet Alexandre face à lui, source inépuisable d'intérêt. »

France Info quelques réflexions intéressantes de l'auteur sur le choix des prénoms de ses personnages.

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